Art & Architecture

article | Temps de Lecture4 min

Théodore Reinach, un savant humaniste

Un lieu aussi unique que la Villa Kérylos ne peut surgir que de la pensée d'un homme d'exception ! Mais qui donc était Théodore Reinach ?

Qui êtes-vous Monsieur Reinach ?

Né en 1860 à Saint-Germain-en-Laye (78), Théodore Reinach eut un parcours exceptionnel. C’est tout d’abord un jeune homme brillant, qui remporte en trois ans pas moins de dix-neuf prix au Concours général. Ses talents s’expriment dans d’innombrables domaines, depuis l’histoire, la géographie et les langues jusqu’aux sciences sans écarter le dessin et la musique !

Anonyme, Portrait photographique de Théodore Reinach
Anonyme, Portrait photographique de Théodore Reinach, collection particulière.

© Reproduction Benjamin Gavaudo / CMN

Un esprit singulier au sein d'une famille d'érudits

Théodore Reinach est le benjamin d’une fratrie hors normes : Joseph, l’ainé, ami et collaborateur de Léon Gambetta, juriste et homme politique fut député des Basses-Alpes. Historien et écrivain, il dirigea le journal La République française. Salomon, le cadet, historien de l’art, helléniste et scientifique fut l’éminent directeur du Musée des Antiquités nationales, fleuron de l’archéologie française. La grande érudition des trois frères conduisit un chansonnier à les surnommer « Je Sais Tout », en référence à leurs initiales.

Théodore Reinach est un véritable érudit, tel que le XIXe siècle en produisait : mais à cette soif de connaissance s’adjoint un désir d’excellence, une exigence sans faille. Lorsqu’il se passionne pour une discipline, il en devient spécialiste et sait conjuguer les connaissances acquises dans chaque domaine. Ainsi participera t-il à la publication du Recueil des inscriptions juridiques grecques (1890-1898) tandis qu’il proposera au Journal des mathématiques une nouvelle démonstration du théorème de Pythagore.

Reconnu dans le milieu scientifique, il est sollicité lorsque les fouilles françaises menées à Delphes sur le Trésor des Athéniens livrent une étrange inscription, dont les lettres sont elles-mêmes surmontées de caractères alphabétiques. Fort de ses multiples connaissances, il décrypte alors une partition, celle d’un hymne à Apollon qu’il fera retravailler par Gabriel Fauré et jouer en 1894, puis dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, en 1897.

Grand savant, Théodore Reinach est aussi un véritable humaniste, un homme engagé au service de ses contemporains. Député de Savoie de 1906 à 1914, c’est lui qui défendra la loi de 1913 consacrée à la protection des Monuments Historiques.

Il sera, comme son frère Joseph, très engagé dans l’Affaire Dreyfus.

Alors qu’il obtient sa thèse en droit en 1885, Théodore Reinach se passionne parallèlement pour de nombreux domaines, desquels il devient le plus souvent spécialiste. La liste est longue, diversifiée et vertigineuse ! Numismatique, épigraphie, papyrologie, musique et bien-sûr archéologie. Il soutient d’ailleurs une thèse d’histoire en 1890 et occupera par la suite la chaire de numismatique ancienne à la Sorbonne. Dès 1924, Reinach dispensa le même enseignement au Collège de France en qualité de professeur.

Portraits "à la grecque", enfants posant en toge, collection particulière
Portraits "à la grecque", collection particulière

© Reproduction Benjamin Gavaudo / CMN

La Villa Kérylos, le rêve de partage d'un archéologue passionné

La Villa Kérylos est elle-même une incarnation de cet humanisme :  elle est un outil de partage et de transmission des savoirs de Théodore Reinach sur la Grèce antique. 

En la donnant à sa mort à l’Institut de France, Théodore Reinach assurait ainsi la pérennité de son œuvre afin qu’elle puisse, à travers les âges, émerveiller et instruire, nourrir les rêves et enrichir la connaissance.

Aujourd'hui, le Centre des Monuments Nationaux y accueille des visiteurs toujours plus nombreux, grâce à une riche programmation culturelle ! 

Voir nos visites & activités

Photographie des petits-enfants de Théodore Reinach sur la terrasse du jardin de la Villa Kérylos
Photographie des petits-enfants de Théodore Reinach sur la terrasse du jardin de la Villa Kérylos, collection particulière

© Reproduction Benjamin Gavaudo / CMN

Que de fois, depuis la grande Renaissance, n'a-t-il pas fallu recourir à une nouvelle inoculation du sérum hellénique pour sauver notre culture du maniérisme ou de la barbarie!

Plus de photographies et documents

à découvrir aussi